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Le choix de l'acier
Pour ceux qui ne peuvent disposer d'acier damas avec une proportion
de carbone suffisante, les aciers du commerce ou de récupération
restent la seule alternative...
Pour que le couteau puisse conserver son tranchant, l'acier utilisé
doit pouvoir être trempé afin d'avoir des propriétés de dureté
suffisantes. Le plus simple est de choisir un acier non allié
avec de 0,60 à 1 % de carbone ; les XC 65 à 100 qui permettent
d'obtenir des duretés de 54/62 HRC. Lorsque l'on souhaite fabriquer
une lame à partir d'un acier de récupération (ressorts, vieux
outils, etc....), il est important de s'assurer qu'il contient
suffisamment de carbone ; la comparaison du type et du volume
d'étincelles produites par le meulage de l'acier que l'on souhaite
utiliser avec par exemple celles produites par le meulage de la
soie d'une lime permet d'évaluer la teneur en carbone de l'acier.
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choix
forgeage finition
conseils
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Le
forgeage
1-
Pour fabriquer un couteau de camp avec une lame 15 cm, montée
sur un manche d'une longueur d'environ 11 cm, il faut partir d'une
pièce de 15 cm de long avec une section de 25 par 6 mm.
Pour ceux qui utilisent le charbon de forge (houille grasse maréchale),
préparer un feu de coke (charbon partiellement brûlé), éviter
le charbon frais qui dégage beaucoup de sulfures qui seraient
absorbés par l'acier.
2- En tenant la pièce avec des pinces plates à rebord, la chauffer
au rouge cerise et former l'épaulement de la soie à environ 5
cm d'une des extrémités de la barre. Etirer la soie à plat jusqu'à
une largeur d'environ 15 mm en gardant l'épaisseur initiale de
la barre.
3- Terminer la soie en l'étirant sous la forme d'un rond de 6
mm de diamètre. La longueur totale de la soie ainsi obtenue sera
d'environ 12 cm, 3 cm de plat et 9 de rond.
Veillez à ne jamais refroidir rapidement le métal pendant les
phases de création de la soie car elle pourrait prendre la trempe
et devenir très cassante.
4- Prendre la pièce par la soie avec une pince à rond et former
la pointe en réduisant de manière régulière l'épaisseur de la
future lame afin d'obtenir un couteau bien équilibré. Cette opération
produira un étirage qui amènera la lame à une longueur d'environ
15 c m.
5- En utilisant la corne ronde de l'enclume courber la lame pour
compenser l'allongement qui sera produit, coté tranchant, par
la création ultérieure des biseaux de la lame. Le degré de courbure
est à évaluer par expérience en fonction de la position que l'on
veut donner à la pointe.
6- Créer les biseaux de la lame, en commençant du coté du ricasso,
en veillant à donner le même nombre de frappes de chaque coté
de la lame (si la frappe est déséquilibrée, la lame risque de
vrillée durant la trempe). Lorsque les dimensions recherchées
sont obtenues, redresser la lame et aplanir les faces par un martelage
léger.
7- Réduire la taille des cristaux par un martelage final en dessous
de la température critique ; chauffer la lame au rouge très sombre
(rouge brun visible seulement dans le noir) et amincir légèrement
les biseaux. Faire attention de ne pas trop laisser la température
de la lame descendre car une frappe dans la couleur noire pourrait
fracturer l'acier.
8- Réaliser un recuit complet de la lame et de la soie en chauffant
l'ensemble, tranchant vers le haut, au-dessus de la température
critique de l'acier (rouge cerise clair) et en le laissant refroidir
très doucement. Pour déterminer que la chauffe a permis de dépasser
la température critique, en plus de la couleur, utiliser un petit
aimant, lorsque celui-ci ne "colle " plus à la lame,
la température critique est franchie. Utiliser un récipient rempli
d'un mélange de cendre de bois pour refroidir la lame doucement.
Plongée très rapidement et complètement dans la cendre, la lame
mettra environ 5 heures pour revenir à température ambiante.
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La
finition de la lame
1-
Avec des limes et des abrasifs de plus en plus fins, finaliser
la forme recherchée puis réaliser un état de surface proche de
l'état final que l'on souhaite obtenir. A chaque changement de
grain d'abrasif, toujours abraser dans une direction perpendiculaire
au travail réalisé avec le grain précédent afin de pouvoir s'assurer
que toutes ses rayures sont totalement supprimées.
2- Tremper la lame ; chauffer la lame doucement, tranchant vers
le haut, au-dessus de la température critique comme pour l'opération
de recuit et la plonger le plus rapidement possible, pointe vers
le bas dans un récipient contenant l'huile de trempe. L'huile
de trempe peut être constituée d'un mélange de 50 % d'huile moteur
et de 50 % d'huile pour boite de transmission automatique. Remuer
doucement le couteau dans l'huile jusqu'à un refroidissement complet.
A ce stade le couteau sera très dur mais aussi très cassant.
3- Pour faire les revenus nécessaires il convient d'abord de bien
nettoyer la lame et de la repolir en utilisant les abrasifs afin
d'obtenir une qualité de surface qui permettra de bien "lire
" les températures de revenu. Pour concentrer la chaleur
de la forge on peut placer au-dessus du feu deux briques espacées
d'un centimètre. En tenant le couteau par la soie avec une pince,
on déplace le couteau, tranchant vers le haut dans l'espace entre
les deux briques. La montée en température est contrôlée par les
couleurs de l'oxydation sur la lame. Un jaune paille clair va
apparaître au dos de la lame et se déplacer vers le tranchant.
Lorsque ce jaune atteint le tranchant, le dos doit commencer à
bleuir, la pointe doit être dans les violets et la soie doit être
bleue. A ce moment plonger le couteau dans un bac d'eau ou d'huile
pour le ramener à température ambiante. Pour éviter d'avoir une
lame trop fragile il est prudent de refaire le cycle au moins
une fois. Si durant ces opérations le tranchant est trop chauffé,
s'il passe au bleu, il est nécessaire de recuire, retremper et
de nouveau réaliser les revenus nécessaires.
4- Afin de pouvoir travailler ultérieurement l'extrémité de la
soie, celle ci doit être complètement recuite en la portant au-dessus
de la température critique et en la laissant refroidir doucement
dans la cendre de bois.
5- Après ces traitements thermiques, l'état de surface final que
l'on souhaite est obtenu par l'utilisation d'abrasifs, avec les
degrés de finesse requis et si nécessaire avec des polissages
à la poudre sur roue de coton ou autre support doux.
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Quelques
conseils...
1-Eviter
de surchauffer la lame, si l'acier devient blanc éclatant, au environ
de 1200 °C, il y a une très forte probabilité pour que le tranchant
commence à brûler ce qui ruinerait irrémédiablement la lame.
2- Eviter de marteler l'acier en dessous du rouge très brun, les
risques d'engendrer des fractures dans le métal sont important en
dessous de 500 °C.
3- Ne pas sous estimer l'importance des recuits
4- Limiter au tant que faire ce peut le nombre de chauffe, travailler
rapidement...
5- Bien conduire le feu de forge pour obtenir une pénétration complète
et uniforme de la chaleur à l'intérieur de la barre.
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