|
Généralités
|
Pour
commencer, quelques définitions d'après le
Grand Larousse Encyclopédique :
Corroyer
: Battre et souder à chaud
Corroyage : Action de forger ou de souder ensemble plusieurs
barres métalliques ou tôles à chaud,
quelquefois avant de les soumettre à un nouveau laminage
ou étirage.
En
anglais l'acier damas est aussi appelé "laminated
steel", l'acier laminé.
Texte
de Don Fogg
L'acier damas laminé a ses origines dès le début de l'age
de fer. Il fût découvert que par pliage et soudure dans
un feu de carbone, il était possible de produire de l'acier,
un composé du fer que l'on peut durcir pour produire des
outils et des armes de qualité supérieure. Presque chaque
culture dans le monde a développé une forme ou l'autre d'acier
laminé. Il existe encore des épées de l'époque des Vikings
qui montrent des motifs très développés. En Malaisie, le
kris est connu pour ses motifs complexes d'acier laminé.
La forme la
plus élaborée a sans doute été développée au Japon.
Les Japonais, avec un procédé de soudage à la forge d'ensemble
de fer doux et d'un acier très carburé appelé tamahagane
produisent des épées d'une qualité exceptionnelle et de
grande beauté. Le livre "A
search for Structure" du Docteur Cyril Stanley
Smith, publié par MIT Press est une très bonne référence
sur l'histoire du damas.
En Allemagne, durant la seconde guerre mondiale, un grand
nombre de lames en acier damas a été fabriqué pour les militaires.
Aux Etats Unis, le damas n'a pas été redécouvert avant les
années 70. En 1973, Bill Moran a présenté aux collectionneurs
sa première lame en damas à l'occasion de l'exposition de
la Guilde des Couteliers. A cette époque seulement quelques
couteliers commençaient à travailler avec ce "nouveau"
matériel. C'est après une réunion de forgerons à Lumpkin
(GA) ou des démonstrations de fabrication du damas eurent
lieu que Daryl Meier retourna à Carbondale pour commencer
une longue recherche dans le monde mystérieux de la fabrication
du damas. Un livre qui m'a beaucoup influencé, Decorative
and Sculptural Ironwork, de Dona Z. Meilach a été publié
en 1976 par Crown Publishers,Inc.
Decorative
and Sculptural Ironwork relate le travail de Bill Moran,
de Robbin Hudson, de l'équipe de recherche de Daryl Meyer,
de Jim Wallace, actuel conservateur du musée national des
ornements métalliques de Memphis (Tennessee) et de Robert
Griffith. Le chapitre sur l'acier damas fournit les éléments
de base pour commencer à travailler cet acier et m'a déterminé
ainsi que de nombreux autres à me lancer dans l'aventure.
J'ai reçu ma première leçon sur la fabrication du damas
au cours d'une réunion avec Jim Schmidt dans l'atelier de
Jimmy Fikes en 1978. Jimmy nous a montré comment souder
à la forge un empilement et nous avons été subjugués.
|
"W's
Pattern" - motif W
Don
Fogg
|
|
Sommaire
-
Généralités
-
Laminé
-
Mosaique
|
1 Motifs à partir d'empilements laminés droit.
Les trousses sont réalisées en coupant et en empilant les
unes sur les autres des barres d'acier de qualités différentes
puis en soudant l'ensemble en un seul bloc. La trousse est
ensuite étirée et coupée en deux ou plusieurs morceaux qui
sont de nouveau empilés et soudés. Le nombre de couches
dans l'empilement final dépend du nombre de couches dans
l'empilement initial et du nombre de fois ou il a été plié
et soudé. Le nombre de couches suit une progression géométrique
4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, 512 etc. Howard Clark a déterminé
qu'après 2 pliages, le carbone se disperse à l'intérieur
de la trousse qui devient ainsi une pièce d'acier homogène.
Le nombre de couches optimal pour obtenir un bon développement
des motifs est compris entre 300 et 500. En poursuivant
jusqu'à 1000 couches, les motifs deviennent trop fins et
en dessous de 300 ils sont trop larges et paraissent empâtés.
Il y a des exceptions à cela et c'est une affaire de goût,
mais c'est ma page et je donne mon opinion. A partir d'une
trousse d'acier laminé droit, plusieurs motifs peuvent être
obtenus. Pour le soudage de couches minces, je donne quelques
conseil à la page "Shop Tips".
Mise
à jour du 21 juillet 2001 : Anvil Magazine, "la
voix du maréchal ferrant et du forgeron Américain"
a publié un article de Scott Lankton,
illustré de photographies expliquant la fabrication
d'une trousse de damas, vous trouverez ma traduction de
cet article avec ce lien Anvilmag
|
-
11 Le motif veines de bois
Ce
sont des motifs créés en réalisant la lame par forgeage.
Ce motif peut avoir une direction mais en général il reflète
parfaitement la frappe du forgeron, telle qu'elle a été
conduite pour former la lame. J'avais abandonné les motifs
à veines de bois depuis plusieurs années. Récemment j'ai
recommencé à les utiliser avec un grand respect pour leur
rendu très naturel et leur aspect presque organique. Le
motif à veines de bois surprend ceux qui veulent l'examiner
avec attention tellement l'acier semble naturel.
|
-
12 Les motifs à partir de torsades
Le
motif torsade nécessite moins de couche dans l'empilement.
La trousse, une fois soudée, est forgée avec une section
carrée ou ronde puis elle est vrillée à chaud. L'utilisation
du damas torsade a été à son maximum pour la création des
canons de fusil. Ces canons montrent une maîtrise incroyable
de la part des artisans canonniers ainsi que leur créativité.
Le damas torsade est aussi facilement utilisable pour les
lames et de nombreux motifs peuvent être réalisés à partir
du motif de base. Le damas torsade exhibe des étoiles caractéristiques
qui apparaissent lorsque l'on coupe la trousse torsadée.
|
-
13 Les motifs à partir de découpes
Ces
motifs sont créés à partir d'empilements laminés droits
dans lesquels sont pratiquées des découpes. Les découpes
dégagent des sections transversales de la trousse. Quand
la trousse est remise en température et de nouveau forgée
à plat, les fonds de découpes se trouvent remontés en surface
ce qui rend visible les sections transversales. Le motif
de découpe le plus connu est le damas en échelle qui présente
de fines rangées ou bandes disposées en travers de la lame.
|
-
14 Les motifs à partir d'enroulements
De
nombreux motifs peuvent être créés en utilisant des combinaisons
des différentes techniques. Par exemple une barre peut être
d'abord découpée puis torsadée. Une des techniques que j'aime
est appelée le biscuit roulé. A partir d'un nombre de couches
assez faible, 7 par exemple, réaliser la soudure puis un
étirement pour obtenir une barre avec une section d'environ
25 par 6 mm, aussi longue que possible. Supprimer les résidus
de soudure à l'une des extrémités, réduire son épaisseur
en dessous de 6 mm et enrouler la barre sur elle-même. L'enroulement
se pratique à chaud, en le serrant au maximum mais sans
exagérations. Quand l'opération est terminée, vous obtenez
un beau biscuit roulé d'acier. Séparer le manche de forgeage
du rouleau et le ressouder sur le coté du rouleau. Souder
en masse le rouleau. Pour ce faire, il faut le faire tourner
dans le sens de la spirale afin de la resserrer avec une
frappe légère. Quand le rouleau est soudé, vous pouvez l'étirer
puis le replier et le souder comme s'il s'agissait d'un
empilement droit. Une fois étiré, il peut aussi être mis
en section carré puis coupé pour faire apparaître les spirales
à la surface du bloc. Les possibilités sont sans limites.
|
|
|
Le
biscuit roulé
|
Robbin
Hudson
|
-
15 Les motifs de fin de barre
Souvent
les plus beaux motifs se trouvent dans les extrémités des
trousses. Il y a plusieurs possibilités pour faire apparaître
ces motifs sur les parties plates des lames. Quel que soit
le motif de base, vous pouvez couper transversalement une
extrémité pour faire apparaître le motif. Pour obtenir des
surfaces plus grandes, vous pouvez alterner les découpes
de chaque coté de la barre puis déplier l'ensemble comme
une bande. Cette méthode est appelée l'accordéon et peut
être réaliser par une découpe à chaud ou à la scie à métaux
(à ruban). Une autre méthode consiste à mettre la barre
sur le coté et à la découper en diagonale. Cela permet d'obtenir
une plus longue section de la fin de barre montrant le motif.
Les pièces doivent être ensuite retournées puis ressoudées
en un seul bloc avec maintenant les motifs de fin de barre
à l'extérieur. Cette méthode permet de montrer complètement
les fins de barre et ajoute des distorsions en raison de
la découpe en diagonal. Les effets peuvent être très intéressants.
|
Sommaire
-
Généralités
-
Laminé
-
Mosaique
|
2 Motifs à partir d'assemblages mosaïque
|
Le
damas mosaïque est devenu assez populaire ces dernières années.
Steve Schwarzer, Pierre Reverdy et Hank Knickmeyer ont franchi
de nouvelles limites avec cette nouvelle technique et les
motifs qu'ils produisent sont merveilleux et plein de créativité..
|
La
technique de fabrication du damas mosaïque diffère des techniques
de pliages et soudures du damas à couches laminées. Les motifs
sont préparés et créés en positionnant différents métaux,
de formes et de tailles variables dans un empilement. Quand
toutes les pièces sont soudées, les motifs sont présents à
l'intérieur de la trousse. Le principe est similaire à celui
des mosaïques qui permettent de créer des dessins en juxtaposant
des morceaux de différentes couleurs.
|
|
|
Hank
Knickmeyer
|
-
21 Assemblage de barres
Hank
Knickmeyer a réalisé des démonstrations de son procédé à
la réunion des forgerons à Batson, en Alabama, il y a deux
ans. Il a pris des barres carrées et rondes qu'il a placées
dans un tube d'acier. Il avait organisé les différentes
pièces en fonction de ce qu'il souhaitait obtenir. Il a
ensuite comblé les espaces libres avec de petites barres
de remplissage. Il a soudé les extrémités du tube après
l'avoir rempli de pétrole. Pendant la chauffe pour la soudure,
la combustion du pétrole réduit l'oxygène ce qui crée un
environnement neutre et évitera l'apparition de calamine
durant la soudure. La température de soudure a été obtenue
dans une forge à gaz et l'ensemble a été soudé en une seule
fois avec une presse hydraulique. Compte tenu de l'importance
des surfaces exposées, il est primordial de pouvoir réaliser
la soudure dans un environnement neutre. La principale difficulté
de la méthode de Hank vient de la nécessité d'effectuer
une soudure complète en une seule chauffe. S'il reste un
trou dans la trousse, les surfaces non soudées vont s'oxyder.
Une autre méthode consiste à souder le tube sur un manche
creux qui sera muni d'une valve à l'extrémité qui reste
froide. Par cette extrémité, le vide d'air peut être réalisé
avec de l'azote ou un autre gaz inerte. L'opération doit
être faite plusieurs fois avant la soudure pour être sur
qu'il n'y a plus d'oxygène à l'intérieur du tube. Avec cette
technique on peut obtenir une soudure parfaite entre des
métaux que l'on ne réussirait pas à souder dans un feu ouvert.
La méthode de Hank a été perfectionnée par Steve Schwarzer,
il obtient de très bonnes soudures presque à chaque fabrication.
|
|
|
Le
drapeau américain par Darrel Meier
|
La
cible par Steve Schwarzer
|
-
22 Assemblages de motifs
Steve
et Pierre Reverdy ont développé une nouvelle technique qui
incorpore l'utilisation d'outils modernes pour créer leurs
motifs mosaïque complexes. En utilisant une machine numérique
de découpe par électro-érosion à fil, le motif est percé
dans un bloc d'acier puis une autre pièce est réalisée pour
combler exactement le motif percé. L'ensemble est ensuite
soudé en une seule pièce. Avec cette technique il est possible
de réaliser des motifs que l'on n'imaginait pas pouvoir
créer avec les méthodes plus classiques.
|
|
|
La
photo ci-dessus montre la préparation d'une trousse par Pierre
Reverdy pour réaliser une commande de la société Holland &
Holland. Le motif est une reproduction des éléments de base
d'une gravure de H&H pour ces célèbres fusils. Cliquer
sur la photo de gauche pour découvrir un agrandissement du
couteau de chasse intégrant les motifs de H&H.
|
Barry
Gallagher, Shane Taylor et Rick Dunkerly combinent les différentes
techniques et inventent de nouvelles catégories de damas mosaïque
incluant pliages et soudures avec des matrices de formage.
L'idée originale doit être attribuée à Darrel Meier qui a
développé le motif appelé "Callico". Ensemble ces
forgerons ont créé un nouveau langage avec de l'acier.
|
"Carnations"
de Barry Gallagher
|
|
|
Une
autre réalisation de Pierre Reverdy, un glaive avec des motifs
représentant un cerf ailé et une licorne.
|
Sommaire
-
Généralités
-
Laminé
-
Mosaique
|
|
|