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Mon expérience / C'est en forgeant / Comment

 

Comment je fabrique l'acier damas....

 

enclume anim

Mise à jour 2 août 2002

Le doigt dans l'engrenage

Tout a commencé en 1988 en découvrant par hasard le premier numéro de " la Passion des Couteaux". Ma curiosité a été attirée par quelques photographies de couteaux aux lames mystérieuses avec des dessins étranges. Les lames semblant bien réelles, les mystères devaient pouvoir s'expliquer...

Ne trouvant pas de livres en français sur la fabrication de l'acier damas j'allais abandonner quand au cours d'un voyage aux Etats Unis les magasines "Blades" et "Knives" ont relancé ma curiosité en me permettant de découvrir les livres de Jim Hrisoulas. Apres avoir lu plusieurs fois " The Complete Bladesmith " le virus était bien installé et je suis parti à la recherche du minimum nécessaire pour me lancer dans l'approfondissement de mes connaissances livresques par l'expérience concrète. Par chance je dispose d'un peu d'espace ce qui m'a permis d'installer une petite forge à main, une enclume, un établi avec un étau de forgeron et les petits outillages indispensables.

Le début de l'apprentissage

Avant de m'essayer avec la fabrication du damas j'ai dû apprendre les techniques de base du forgeage et s'il est bien connu que c'est en forgeant que l'on devient forgeron je ne crois pas que cela soit suffisant, il faut bien sur forger mais aussi analyser les résultats sans faire de concessions, essayer de comprendre ce qui c'est passé et en tirer des leçons pour la suite. Quel dur chemin d'humilité...mais aussi que de plaisir lorsque l'on peut enregistrer quelques progrès.

Le damas cable

Lorsque j'ai pensé avoir assez de maîtrise du forgeage et de la soudure à la forge pour aborder le damas, j'ai décidé de commencer par le damas câble car la synthèse de mes lectures me le faisait apparaître comme sans doute le plus simple à réaliser. Je me suis procuré quelques bouts de câble neuf, câble pour élingues et câble d'ascenseur, et en suivant à la lettre les recommandations de Jim Hrisoulas j'ai eu la joie d'entendre sous le marteau la prise de la soudure et la satisfaction de voir apparaître un beau dessin après avoir nettoyé un petit bout de métal sortant d'un bocal d'acide. La première expérience fut très gratifiante.

Les suivantes un peu moins car l'impatience aidant j'ai cherché à économiser du temps donc à "améliorer" la méthode préconisée par Jim Hrisoulas. Les résultats ne furent pas à la hauteur de mes espérences et j'ai dû revenir rapidement à une stricte application de ses recommandations. Au cours de cette période j'ai aussi été profondément influencé par la lecture d'un article écrit par Henri Viallon qui après un plaidoyer pour les lames forgées écrivait entre autre " Le novice qui met une barre d'acier dans le feu et la martyrise à coups de marteau ne forge pas mais pratique l'empirisme et risque d'occasionner bien des dégâts au lieu de lui donner ses lettres de noblesse. " Cet article avait sans doute été écrit pour moi. A bon entendeur...

Le damas plus classique

Préparation de la trousse

Actuellement, tout en poursuivant mes expériences avec du câble, j'expérimente le damas à partir de chaîne et surtout le damas plus classique à partir de plats de différent type d'acier. Voilà ma façon de travailler. Ma forge est à charbon et pour réaliser les soudures la plupart du temps j'utilise du charbon de bois que je calibre afin de ne pas charger des morceaux trop gros et avoir un feu bien régulier. Je commence avec 5 morceaux d'acier. J'utilise deux pièces très carburées (XC95) et 3 pièces d'acier mi-doux. Une des pièces d'acier mi-doux longue d'environ 50 cm est placée au centre et évitera l'usage des pinces de forge, je l'utilise comme poignée. J'élimine toute la rouille et la calamine à la lime (j'aimerai bien avoir une machine à bandes abrasives... ), j'empile les barres avec les 2 plus carburées à l'intérieur, les moins carburées à l'extérieur. Je maintiens l'empilement avec au moins 3 attaches en fil de fer que je retire lorsque la soudure est prise.

Soudure de la trousse, étirage

Je place l'acier dans la forge et lorsqu'il est rouge cerise, je l'enduis de borax et le replace dans la forge. Je surveille plus le borax plus que la couleur de l'acier. Quand le borax est presque blanc mais surtout quand il commence à se déplacer à la surface de l'acier alors l'empilement est prêt pour la soudure. Je réalise la soudure au marteau puis une élongation toujours au marteau pour multiplier la longueur initiale par deux (c'est l'opération la plus dure car il faut travailler très vite afin de limiter le nombre de chauffe ). Je coupe ensuite l'ensemble en son milieu, en laissant assez d'épaisseur pour qu'après pliage les morceaux restent assemblés. Ensuite je martèle les cotés de l'assemblage sur les faces latérales pour épaissir l'assemblage en son milieu et éviter d'emprisonner ultérieurement de la calamine et du borax à l'intérieur de l'assemblage.

Pliage, soudage et étirage

Avec une brosse à fil d'acier je nettoie les surfaces, remets en chauffe, plie la barre, mets du borax, replace l'ensemble dans la forge pour une nouvelle soudure pour ensuite doubler la longueur de l'empilement avant de le couper à mi-chair en son milieu. Tout cela est à répéter autant de fois que nécessaire pour obtenir 10, 20, 40, 80, 160, 320 couches ou plus. Pour un couteau je pense que de 300 à 600 couches sont suffisantes. Pour le moment je ne cherche pas à créer des motifs, je cherche à maîtriser la technique de base, celle de la création des couches presque parallèles.

Notes sur le forgeage du damas câble :

1- Il est très important de resserrer fortement les spires du cable avant et pendant les opérations de soudage.

2- Pour obtenir les plus beaux motifs, il faut étirer la barre dans le sens de la longueur et celui de la largeur.

Notes sur le forgeage du damas en couches parallèles :

1- En ajoutant 2 ou 3 barres de 12NC16 les contrastes du motif seront beaucoup plus important après la révélation à l'acide (j'utilise du perchlorure de fer)

2- Je ne cherche plus à obtenir beaucoup de couches, pour débuter je pense qu'il vaut mieux rester entre 100 et 200

Les premiers résultats sont encourageants....la suite à la prochaine mise à jour.

Merci d'avoir pris le temps de lire ce long texte. Si vous avez des commentaires, des remarques ou des conseils à me donner je les recevrai avec plaisir.

Petite animation pour démontrer le soudage d'un empillement fer doux, fer dur.

pattern welding

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